09 dicembre 2009

Haiti-Italie: Adieu Fanto
by Haiti Press Network

Posted: Dec 8, 2009 15:29 UTC

PORT AU PRINCE (HPN) - Le décès soudain de Francesco Fantoli crée la consternation parmi ceux qui l’ont connu, de quelle catégorie sociale qu’ils soient. HPN salue le départ d’un collaborateur, d’un professionnel, d’un être sympathique.

“Oh mon Dieu, on a tué le Blanc !”, s’exclame les deux mains sur la tête Elie, un petit détaillant tenant son commerce devant les locaux de Haiti Press Network, en apprenant la mort brutale de Francesco Fantoli. “Et vous l’avez bien connu?”, s’empresse-t-on de lui demander”. “Ah, répond-il, c’était quelqu’un de sympathique. Il nous ramenait toujours quelque chose au retour de ses voyages”.

A HPN, ce matin, c’était la consternation. Chacun se rappelait quelque chose de cet Italien arrivé ici il y a plus de dix ans et qui avait fait d’Haiti sa seconde patrie. L’on se racontait une anecdote, une histoire à laquelle on tentait de se raccrocher pour conserver le souvenir de ce proche collaborateur.

« On avait tellement de projets de reportage à finir ensemble », se désole ce journaliste en concluant, philosophe: « nous mourrons tous, c’est la seule vérité ».

D’anciens employés de HPN sont passés au bureau ce matin pour dire leur peine et manifester leur solidarité. Un autre confrère qui fait des études au Canada et qui a beaucoup travaille avec Checco (l’autre surnom de Fantoli) a fondu en larmes lorsqu’il a appris la nouvelle.

Pour beaucoup d’entre nous, il n’était pas le Blanc, ni l’étranger, mais le collaborateur, l’ami qui venait raconter ses aventures après un périple dans les villes de province, car ce passionné d’aventures aimait visiter l’intérieur du pays.

Il s’extasiait toujours devant les beautés d’Haiti et ne pouvait pas résister à l’envie de se plonger dans une mer d’un bleu turquoise, et se baignait comme si c’était la première fois qu’il voyait l’océan.

La dernière aventure qu’il a racontée à HPN avec son créole à l’accent particulier lui était arrivée à Jérémie. Là-bas, il s’était fait voler son portefeuille et ses vêtements qu’il avait laissés sur la grève pour aller se baigner dans la mer caribéenne. Ce qui avait provoqué l’hilarité générale.

A son grand soulagement, il a retrouvé ses affaires quelques heures après. Il avait parlé de miracle. Il croyait dans les miracles, comme dans celui d’une autre Haiti, de cette Haiti dont il rêvait comme nous tous.

Franscesco Fantoli était d’un professionnalisme achevé. Quand il avait le sentiment qu’un travail était mal fait, ou peu satisfaisant, il pouvait rebrousser chemin sur des dizaines de kilomètres pour aller le refaire, comme cette fois à Port-à-Piment où il effectuait des reportages pour le compte de l’Union Européenne.

L’on se souvient aussi du Francesco des grands jours lorsque l’AS Roma jouait. Il s’amenait alors à HPN revêtu du maillot de son équipe préférée pour regarder le match. Pendant quatre vingt dix minutes, on se retrouvait dans un stade en Italie en compagnie de ce véritable Tifozi qui, lui, utilisait des expressions bien haïtiennes pour montrer sa joie ou pour encourager les joueurs de son équipe comme si ces derniers pouvaient l’entendre à des milliers de kilomètres de distance.

On se rappelle de ces fameux « Mon cheeeeerrrr », « Hé, hé », et bien d’autres haitianismes qui, loin d’être ridicules, prenaient une autre couleur dans la bouche de Fanto et qui faisaient sourire le natif-natal.

Le disparu avait aussi l’habitude de commenter des matchs de football sur la Télévision nationale d’Haïti et sur Tele Ginen.

En apprenant la terrible nouvelle, plus d’un ont été profondément choqués et la question qu’on se pose est pourquoi. Pourquoi une telle barbarie ? Pourquoi Francesco ?

Puissions-nous un jour avoir la réponse, mais en attendant, nous nous courbons bien bas devant la dépouille de cet Italien bien de chez nous, nous pleurons la disparition de cet être humain. Adieu Fanto !

Jonel Juste/ Christian Desrameaux Jr
JJ/CJD/HPN

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